Et les étoiles regardaient dans ta chambre
À travers les vitres.
C’est pour cela qu’elles se tiennent si tranquilles
Entre elles dans le ciel.
C’est pour cela qu’aujourd’hui elles luisent comme du feu.
Comme elles ont brillé, parlé entre elles
Quand elles t’ont vue si belle entre tes draps !
Comment peut-on être aussi bavard ?
Moi, je t’aurais regardée, je me serais réjoui – je me serais tu.
Nathan Katz (traduction de Guillevic)
L’Œuvre poétique I. Sundgäu. Édition bilingue alémanique-français, Arfuyen, 276 p., 19,50 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Chantre de la poésie alsacienne, Nathan Katz (1892-1981) puisait ses images dans le monde paysan pour faire ressortir, dans des vers apparemment simples et dépouillés, ce qui relie la terre et les gestes de l’homme, un questionnement permanent sur l’amour, la solitude et les temps d’une vie. Dans le calme d’un village endormi, cette parole poétique ramène nos vies à l’essentiel, sous le regard des ancêtres et d’un Dieu présent : « Nous jetons la graine dans les champs ; / Mais qu’elle pousse, / Cela dépasse nos forces. »
La réédition augmentée du premier tome de son œuvre par les éditions Arfuyen offre ces poèmes dans une belle édition bilingue, traduits de l’alémanique par Guillevic (pour qui Katz était un « grand frère »), Claude Vigée, Yolande Siebert, grande spécialiste du poète, ou Jean-Paul de Dadelsen. Cette multiplicité de traducteurs permet de saisir, comme au travers d’un prisme, les couleurs qui se cachent dans cette poésie claire.
Stéphane Bataillon
(Initialement publié dans La Croix l’Hebdo n°84)