La lumière est restée quand la nuit est venue. La nuit avait gardé le parfum de l’aurore, la violette prêtait sa douceur à la nuit et la jacinthe bleue ne vivait que pour moi dans la nuit éclairée seulement par le cœur puisque mon cœur exulte autant qu’il désespère. Et je ne sentais plus les anges près de moi heureuse d’être vue uniquement de Dieu.
Lydie Dattas
Extrait du Livre des anges, suivi de La Nuit spirituelle et de Carnet d’une allumeuse. Poésie/Gallimard, 274 p., 9,50 €.
Lydie Dattas, née en 1949, fille de Jean Dattas, qui fut pendant des années l’organiste de Notre-Dame, dit à sa manière comment Dieu résonne en elle. Sa poésie est parfois sombre, en particulier dans son rapport à la mort, jamais vraiment loin. Mais elle sait aussi présenter d’inattendus points de lumière, lorsqu’elle fait entrer dans la danse « les anges (qui) ont fondu mon cœur avec l’aurore ». Les anges, figure centrale de ce recueil publié en trois plaquettes chez Arfuyen tout au long des années 1990, sont des compagnons qui ne la quittent jamais. Lydie Dattas est l’auteure de cette poésie mystique, souvent douloureuse, où le thème de la féminité est central. En réalité, ces lignes sont écrites par celle qui, selon Christian Bobin, auteur de la très belle préface de cette édition, vise « le soleil de la nuit ». Puis il poursuit : « Il revient à Lydie d’avoir éclairé pour la première fois de l’intérieur le royaume des femmes. »
Loup Besmond de Senneville
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°70)