Laissons derrière nous un pays meilleur que celui qui nous a été laissé.
À chaque souffle de ma poitrine de bronze,
nous ferons un monde merveilleux de ce monde blessé.
Nous nous élèverons des collines dorées de l’ouest.
Nous nous élèverons du nord-est balayé par les vents
où nos ancêtres ont fait la révolution.
Nous nous élèverons des villes bordées de lacs du Midwest.
Nous nous élèverons du sud, baigné par le soleil.
Nous reconstruirons, nous nous réconcilierons et nous nous retrouverons.
Dans chaque recoin connu de notre nation, dans chaque parcelle de notre pays,
notre peuple, divers et beau, émergera, meurtri et beau.
Quand le jour arrivera, nous sortirons de l’ombre, enflammés et sans peur.
La nouvelle aube s’épanouira au fur et à mesure que nous la libérerons.
Car il y a toujours de la lumière,
Si nous sommes assez courageux pour la voir.
Si nous sommes assez courageux pour la porter.
Amanda Gorman
The Hill We Climb (extrait), poème pour l’investiture de Joe Biden, traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Bataillon.
Le 20 janvier dernier, la jeune poétesse Amanda Gorman, 22 ans, a subjugué le monde entier en récitant, avec une impressionnante force tranquille, son poème composé pour l’investiture du nouveau président américain Joe Biden. Recommandée par la nouvelle première dame, Jill Biden, Amanda Gorman est la plus jeune autrice à se plier à cet exercice, une tradition depuis l’investiture de John F. Kennedy en 1961. Diplômée en sociologie de la prestigieuse université d’Harvard, originaire de Los Angeles, noire, militante active sur les questions d’oppression des minorités et du féminisme, elle incarne cette jeunesse américaine voulant tourner la page Trump. Son premier recueil, One for Whom Food Is Not Enough, est paru en 2015. En 2017, elle a déclaré vouloir se présenter à l’élection présidentielle de 2036. L’éloquence est déjà là.
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’Hebdo n°68)