D’où viens-tu, Mariée de mes rêves ?
Va donc lentement, Mariée de mon rêve le plus profond,
Car je suis maintenant épuisé,
Et je ne puis suivre.
Va vite, Mariée de mes rêves,
Car les vallées et les hautes collines
Que je craignais hier,
À présent, je voudrais les traverser et les gravir.
Va vite, plus vite, je te suis.
Mon esprit est fin prêt, et je voudrais courir.
Vole, Mariée de mes rêves,
Car il est des ailes qui surgissent par-dessus mes épaules.
La flamme dont je craignais la brûlure, maintenant je l’embrasse,
Car je voudrais être enflammé ;
Et à présent, je ne voudrais me baigner qu’à la marée haute.
C’était à l’Automne de mes années
Que je t’ai admirée dans la brume.
Maintenant, c’est le Printemps, Mariée de mes rêves.
Cours vite, vole haut.
Je te suis.
Khalil Gibran
Le Prophète, nouvelle édition. Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Dahdah, Ed. Pygmalion, 224 p., 18,90 €.
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Le Prophète, fameux livre du poète libanais Khalil Gibran paraît ces jours-ci dans une nouvelle traduction. Cette édition célèbre le presque centenaire de ce récit d’amour et de sagesse, paru en 1923, avec un cadeau d’importance : plus de 150 poèmes et aphorismes supplémentaires inédits, comme ce « Si vous vouliez comprendre autrui, vous devriez être un miroir plutôt qu’une éponge » criant d’actualité. Bien qu’assez inégaux, ces textes retrouvés récemment dans les archives de l’auteur, éclairent le récit principal, livre de chevet de millions de lecteurs. Daté de mars 1931, La mariée de mes rêves est le tout dernier poème écrit par Gibran, en arabe puis traduit en anglais, avant son décès en avril 1931.
Stéphane Bataillon
Retrouvez ce poème dans le n°64 de La Croix L’Hebdo (daté du 15 janvier 2021)