Huit heures vingt,
L’heure des anges gardiens
J’me sens si bien au bar du coin à lire mon Parisien
Les lycéens fument leurs clopes en loucedé à l’ombre d’un quartier
à vieillir
Les bignolles, les maçons, les peintres, se penchent sur leurs
bières… un madame croque-monsieur, cafés serrés pour
les désœuvrés.
Ah j’me sens si bien au zingue le matin, œuf dur au bar de mon coin
à lire les nouvelles du matin
Même les moineaux se sont cassés par manque de générosité.
Les pigeons ont gardé leurs statues, on les a pas encore volés
Au p’tit matin on oublie nos chagrins, merci au café du coin
Dans les derniers bistrots parisiens, on se parle, on est tous
les mêmes, nous les vagabonds de la vie, les billets de tiercés
qu’on balaye, qui sera le gagnant ce soir.
Demain matin, bah ça sera demain matin dans mon dernier bistrot
parisien et je lirai notre quotidien.
Fiona Gélin (FRANCE)
Née en 1962 à Boulogne-Billancourt, Fiona Gélin est actrice, chanteuse et autrice. Elle découvre la poésie durant l’enfance, lors de séances d’écriture rythmées par les chansons de Neil Young et de Renaud. Son père, l’acteur Daniel Gélin, lui apprend à réciter les poèmes en se baladant autour de leur potager, en cueillant des fleurs, en marchant dans la forêt. En 2022, elle joue un seule-en-scène poétique intitulé À mon père, qui rend hommage à celui qui lui a transmis le goût de la poésie. Parmi ses ouvrages publiés : Retour d’errance (Michel Lafon, 2003) ; Si fragile (L’Archipel, 2016).
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’Hebdo n°192)