Les hirondelles écrivent devant nous
toutes les routes du silence
Elles dessinent à la craie
des cercles
des flèches
des sinusoïdes interrompues
par la joie
J’aime ce qu’elles proposent
et qu’elles brisent
comme s’il n’y avait plus
aucune phrase
à finir.
Christian Viguié
Nature morte avec page blanche, ombres et corbeaux.
Peintures de Cécile A. Holdban, éd. L’Ail des ours, 64 p., 10,50 €
C’est un exercice d’admiration. Le poète Christian Viguié, né en 1960 dans l’Aveyron, auteur d’une œuvre poétique importante, publiée en majorité chez Rougerie et consacrée entre autres par le Prix Mallarmé en 2021, s’inspire, dans ce court recueil, des tableaux de son complice, le peintre Olivier Orus. « Ses peintures, ses dessins ébrèchent le silence. Ils possèdent cette magnifique pudeur d’exister sans encombrer le réel », explique-t-il. D’un trait vif, il saisit ce qu’il y a à prendre au plus juste du monde. « Je me méfie toujours des poèmes / lorsqu’ils découvrent / des choses non révélées / comme s’il y avait une chair invisible / pour dire que les choses / sont des choses. » À la suite de ses mots, l’artiste Cécile A. Holdban crée de nouvelles images qui illustrent cet ensemble, procurant une profonde sérénité : « Tu peux rester / avec des rochers / les couleurs de la mer / et dire que rien ne change / que le fini est partout / en train de s’accomplir. » Des poèmes parfaits pour méditer sous le soleil.
Stéphane Bataillon
(Initialement publié dans La Croix l’hebdo n°189)