Il naît du bois qui crépite
des songes à pas lents,
des retours de marche,
des causeries infinies,
des univers entiers
divers et d’été – datés.
Ne jamais se lasser
de porter les bûches,
de regarder le feu,
de lire le journal.
D’écouter le monde bruire.
Ne jamais finir
d’avancer sur les chemins.
Marie-Paule Blein
À mi-chemin, avec des peintures de Charlotte J. Charlot, L’Atelier des Noyers, 54 p., 15 €
Écoutez ce poème (lecture : Stéphane Bataillon) :
Contempler le monde quand l’âge et le corps nous y forcent. « Écrire le temps qu’il fait / le vent froid sur nos joues / le reste, imaginaire. / Je n’ai pas pu sortir longtemps aujourd’hui / ne m’en voulez pas, / vous voyez bien que je boite. » Comme une chance à saisir pour retourner l’angoisse de la fin, la prendre à son propre piège avec l’alentour pour allié.
« C’est cela le luxe suprême / ne pas s’arracher / du moment dont je peux jouir. » Les poèmes de Marie-Paule Blein, rehaussés par les peintures de paysages de la plasticienne Charlotte J. Charlot, disent cette alchimie possible entre le regard d’un corps qui vieillit et une nature accessible, source d’un renouvellement perpétuel. Avec lucidité, même si « Les pertes se succèdent / les distances se creusent / Les écrans remplacent les absents », elle use du silence pour se mettre à l’écoute des chemins familiers et prolonger les gestes qui témoignent d’un souci intact de l’autre. « Le hanneton sur le dos / le remettre sur pattes. / Pensez à remettre sur pattes / ce qui s’est couché maladroitement. »
Stéphane Bataillon