Péché. Vieux mot. Trop lourd de sens. D’injonction et de chaînes, dans l’espace et le temps. D’une sorte d’empêchement, à peine prononcé, de notre élan à être. Il me gène. À tel point que j’hésite à la faire apparaître en note résonnante de l’un de mes poème, citant ce vieil homme mourant pour mieux laisser notre enthousiasme dans l’épître aux Romains de Paul. Et pourtant, comme elle est belle est forte, cette notion de péché. Le Nouveau vocabulaire Biblique dirigé par Jean-Pierre Prévost (Bayard, 2004) éclaire et libère la dynamique du mot hébreux dont il est la traduction : hatta’t (verbe hamartanô en grec). « Dans la langue archaïque, comme chez les classiques, le verbe hamartanô évoque, au sens propre, le fait de manquer le but, la cible et, au sens figuré, le sens de se tromper, de combattre une erreur (…) Le hatta’t est donc un geste ou un choix, intentionnel ou non, en vertu duquel une personne ou une collectivité rate la cible de sa vie. En tant que hatta’t, le péché désaligne une existence. (…) Pécheur est le pays ou l’individu dont l’existence est désalignée. »
Joie d’une langue à creuser. Pour aligner, au cœur, les mots de ce poème.