le soir sur zone
« la Jetée » n’est pas
un bar comme les autres
la veilleuse gamberge
sur lit de varech
risée molle encartant
de Brest à Bahia Blanca
ses flots raclés
par les lèvres ocre
des buveurs de rhum
aux aguets derrière les spasmes
d’une lampe on devine
dans les orties l’échine
du Horn qui déchire l’horizon.
Jacques Josse
Vision claire d’un semblant d’absence au monde, Le Réalgar, 136 p., 13 €.
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Ce recueil est une invitation au large, dans les profondeurs. Mais ici, pas de grand bleu ni même de poissons fantastiques. Ici, le littoral, fait d’ombres, de sueur et de choses qui rôdent, figure déjà nos limites. Tout ce qui nous retient, nous empêche d’aller
vers. Ce sont des poèmes qui dessinent un paysage dur et brut, et l’existence des hommes qui y sont installés : une pleine mer, une chapelle de granit ou cette taverne dans laquelle les marins ne rêvent que d’horizons et de leurs solitudes libérées par le vent. Une poésie qui tente de dire comment « loin des ruines/des épaves (…) être au moins (…)/le fantôme d’un désir bleu de menthe ou poussière de lune ».
Stéphane Bataillon (@sbataillon)
Retrouvez cette chronique dans La Croix l’Hebdo n°50 du 25 septembre 2020.