il pleut
doucement
à la fenêtre
il pleut sur
les talus
de pierres il pleut sur les talus
de terre sur le
paysage de bocage sur la
couleuvre à collier la
bécassine
des marais il pleut
des images
voilées
Frédérique de Carvalho
Barque pierre, ed. isabelle sauvage, 106 p., 18 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
C’est une poésie qui semble surgir des profondeurs, comme les bêtes remontent le fleuve. La lande, celle des monts d’Arrée où ce recueil a été composé lors d’une résidence de l’auteur, fait remonter ses voix. Celle de la fille, de la femme, de la mère. Frédérique de Carvalho s’interroge sur les frontières. Non pas celles de l’espace ou du temps, mais celles de ses états d’être qui, pour éviter de « tourner autour tourner autour tourner autour » lors d’un impossible inventaire de soi-même, doivent se confronter au réel de cet environnement brut et austère. « Le soir/ la table / la pluie / le silence / rien ». Des frontières qui doivent, à un moment, céder à la magie des images, de tous les « je-ne-sais-quoi qui traversent la page », pour, enfin, inventer l’essentiel : un lieu à soi.
Stéphane Bataillon
Retrouvez ce poème dans La Croix L’Hebdo du 8 août 2020.