Que fait-on, lorsqu’on écrit un poème ? On ramasse des mots dans le champ. Ceux qui sont remontés à la faveur de l’évènement. Une parole, une émotion, une chose vue, un regard. On les prend, les soupèsent. Certains sont écartés.
On ne conserve que les plus singuliers dans un coin de la tête. En petite quantité. Seulement ceux qui, chargés, apporteront au poème ses reflets merveilleux. Qui saisiront l’instant, à nul autre pareil.
Puis on s’occupe du fil : les articles, les conjonctions, la ponctuation et le blanc sur la page. On harmonise le tout par la disposition. Jusqu’à ce que cela tienne, immobile d’apparence, d’une fureur intime.
Cathédrales de rosée dont l’édification, parfois, ne dure qu’une minute. Parfois plusieurs mois.
Et puis ça sort de l’atelier. Une parure de diamants pour éblouir le monde sans un éblouissement.
On fait un poème
On opère le miracle
c’est à notre portée
Joaillier de la parole.