De profil un grand-père édenté
avec la fragilité d’une abeille sur une table
Des traces de craie le ciel d’une marelle
Une femme tricote un chien sur ses genoux
La lumière vient-elle vraiment du paysage ?
L’odeur du cuir sur les filles
qui promènent des crèmes roses à deux dollars
Quito change de registre Quito change de décor
bascule dans les hauts buildings
. et les films américains
des visages posés sur des ongles rouges
Quito passe sa journée
La patience des nuages qui s’accumulent sans crever
Dans son second recueil, la poète et dramaturge Laura Tirandaz nous entraine à Quito, capitale de l’Équateur, pour une traversée sous un soleil de plomb. Ce ne sont pas les paysages, les constructions, ni même les hommes qui surprennent, mais des petits gestes, de simples réactions, qui semblent ici à la fois proches et exotiques. Comme ces « gens qui rient qui rebondissent sur la même note qui s’étonnent que tout ne leur ressemble pas ». La grâce d’une écriture qui mêle récits en prose et cassure de rythme propre au vers libre, pour effleurer le tranchant de ces arêtes de vie. Des vies que l’on devine souvent dures, abruptes, sans répit, mais qui font conclure : » L’odeur d’ordure/ dans mon café clair (…) Je suis déjà rentrée / Il n’y a plus de musique »
Stéphane Bataillon (@sbataillon)
Laura Tirandaz, Signer les souvenirs, avec des gravures d’Anne Slacik, Ed. Aencrages & Co, 54 p , 21 euros
Cette chronique a été publié sur le blog de poésie contemporaine de La Croix : « Un poème pour la route«