Voyage
Nous voyageons.
Nous n’avons d’autres buts que notre cœur.
Ne demandez pas pourquoi.
Demandez : qu’adviendrait-il si la lumière se figeait ?
Pour atteindre ce cœur, il nous faut franchir sept montagnes et sept mers.
Ne demandez pas pourquoi.
Demandez : qu’adviendrait-il
si le vent perdait son chemin ?
Nous voyageons,
Car celui qui voyage espère
rencontrer Dieu en route.
Ne demandez pas pourquoi.
Demandez : qu’adviendrait-il
si Dieu n’existait pas ?
Rajko Djurić, extrait de Malheur à celui qui survivra au récit de notre mort.
La stigmatisation actuelle des gens du voyage et l’expulsion en masse de Roms en plein cœur de l’été doit nous faire réagir. Avant de découvrir ces derniers, leurs coutumes et leur réalité sur notre territoire suite à un travail de recherche mené par ma compagne, j’avais moi-même un ensemble d’idées reçues sur ces « hommes » (traduction française du mot Roms). Ce sont ces idées reçues qui permettent aujourd’hui de faire passer dans l’opinion l’amalgame entre des problèmes ponctuels (qu’il ne s’agit pas de nier) et la mise en accusation de tout un peuple désigné, quoi qu’on s’en défende, persona non grata dans notre pays.
Mais que faire ? Manifester son désaccord, avec d’autres, avec vous peut-être, le samedi 4 septembre 2010 dans toute la France (à 14h, Place de la République, à Paris) à l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme. C’est, déjà, un moyen de ne pas rester silencieux. De refuser la dérive de cette République dont nous sommes tous responsables.
Quelle place, ici, pour la poésie ? Elle peut être importante. Non une poésie de combat ou de circonstance, mais une poésie pour aller à la rencontre de ce peuple, celle de Rajko Djurić dont nous vous proposons un extrait. Ce poète et homme politique d’origine serbe, président de l’union Rom de Serbie, co-scénariste du film Le temps des gitans d’Emir Kusturica, tisse un fil sensible de mots pour nous rapprocher de son peuple. Pour ne pas oublier, aussi, les nombreuses persécutions subies.
L’extrait présenté ci-dessus a été publié dans le recueil Malheur à celui qui survivra au récit de notre mort, traduit du serbe par Mireille Robin, N&B éditions, 2003.
Pour s’informer sur la situation, à côté des très nombreux articles de presse, le site du collectif national Droits de l’Homme Romeurope : www.romeurope.org