Critique parue dans le cahier Livres & idées de La Croix du 24/01/2019
C’est l’histoire d’un père racontée par son fils, le dessinateur danois Halfdan Pisket, né en 1985. Une existence débutée dans un petit village à la frontière turco-arménienne, qui bascule avec la mort du meilleur ami, tué par l’armée pour un simple vol de bois. Le début d’une spirale de violence, au bord de la folie : crime, prison, torture, enfants non désirés et abandonnés, émigration illégale au Danemark, trafic de drogue…
Plus on suit cet homme, fuyant sa vie comme il se fuit lui-même entre des crises d’épilepsie de plus en plus fortes, plus on espère avec lui une forme de rédemption, qui passera par l’intégration dans ce Danemark où il pourra être enfin autre chose qu’un étranger. Le dernier volume de cette trilogie (après Déserteur et Cafard, parus chez le même éditeur), impressionne par sa maîtrise narrative et formelle : noir et blanc oppressant, long récitatif intérieur, quasiment sans bulles. Fondé sur les interviews du père par son fils, comme le Maus d’Art Spiegelman, cet hommage rempli d’amour est un témoignage magistral sur la recherche d’identité et la transmission.
Stéphane Bataillon
Dansker, de Halfdan Pisket. Traduit du danois par Jean-Baptiste Coursaud, Presque Lune, 160 p., 23 €