Je n’ai rien écrit depuis le 13 novembre. Je n’ai pas écrit de phrase. Pas écrit de poème. Pas fait ce que j’avais toujours pensé faire lorsque le mot de Pierre Seghers, en exergue de son anthologie La résistance et ses poètes deviendrait réalité : « Jeunes gens qui me lirez peut-être, tout peut recommencer. Les bûchers ne sont jamais éteints et le feu, pour vous, peut reprendre. […] N’acceptez jamais de devenir les égarés d’une génération perdue. »
J’ai eu autre chose. Autre chose à faire. L’embrasser. Voir des amis. Être avec eux. Parler à notre fils sans cacher notre peur mais sans la lui transmettre, ou au moins essayer. Sortir. Respirer. Se redire la chance d’être libre et en vie. Ressentir de la haine, mais écouter les autres. Transformer tout cela en quelque chose d’autre. En désir de vie face aux pulsions de mort. Me dire que nous sommes forts, de nos sourires, de notre chaleur, de notre humanité.
Sans savoir ce qui arrivera, d’un vrai combat, se promettre d’être.