Partir, pour mon poème, d’une expérience vécue. D’une étincelle de réalité pour lui donner l’énergie et la sincérité nécessaire. Il ne l’a pas assez fait durant ces derniers mois. Cause d’une lassitude, d’une place moindre de la poésie dans mes priorités et d’une crainte. Crainte de ne plus toucher avec la seule chose que je peux écrire en ce moment : la joie à la fois immédiate et inaccessible d’un sourire. Cette simplicité belle et gratuite dont je ne cesse de lire l’exigence dans les textes sur la pensée asiatique. Celle que j’aime dans le haïku, celle qui se perd par crainte d’un manque d’éclat. Lumière contre lumière dont l’une est à polir, demandant un effort pour être discernée. Cette simplicité qui en éloigne beaucoup du haïku, parce qu’ils n’en ressentent pas le goût, parce qu’ils le trouve fade, quelconque, indigne de leur attention. Dans ce peu comme dans l’eau est contenu pourtant le seul secret du monde. Et ce secret est indicible. Et seuls les poètes usent leur parole, vainement, intensément, pour le percevoir. C’est leur unique rôle, d’hier à demain. C’est le mien, à défaut d’autre chose. Alors, simplement, reprendre. Écrire, sûr et serein, à la suite des autres : « poésie, la vie entière ».
Un commentaire
C’est exactement ça…