Se taire un peu
et prendre exemple
du temps qui vient
Se préparer à perdre
et partager encore
D´un désir revenu.
T’aimes pas ?
Parce que ça sonne faux ?
Parce que j’ai pas la rage ?
Parce que j’ai pas la haine ?
Et si j’avais la rage ?
Et si j’avais la haine ?
Elle monterait ma haine
Elle monterait
Tout tout tout doucement
Elle te sauterait au cou
Elle te décharnerait
Et te déchiquetterait
Elle te dévorerait
Elle t’ex, elle t’imploserait
Peut-être qu’elle t’aimerait ma haine
Peut-être qu’elle t’aimerait
Peut-être que t’aimerais
T’aimerais ?
Premier Testament :
Face à chaque violence
incarne le verbe aimer
Second Testament :
Deviens
d’en toi
par les autres
relié.
B.o.p (Bande originale du poème) : Koyaanisqatsi – Philip Glass
Que pourrai-je te dire lorsque tu m’interrogeras sur la question d’un dieu ? Peut être partir du mot, de ces trois ou quatre signes qui résument toutes les larmes et tout le sang du monde. D’un baiser d’inquiétude, je te dirai qu’il faut, et puis qu’il ne faut pas, les conserver dans l’ordre pour comprendre des choses. Que c’est à toi, et à toi seul, de trouver dans ce legs un nouvel assemblage qui vibrera ton cœur et te confirmera.
Cet aboutissement
aussi long qu’un regard.
Arriver jusqu’au seuil de ces mots énoncés en quelques milliers de langues. Toujours les mêmes : le sable, la nuit, la solitude. Et quelque soit le rythme que la musique impulse à ce silence là. Ce silence, là, porté. Résistant. Seuil d’une parole lue, d’un pays parcouru, d’une vie… De ces milliers de pages qui tendent vers le même vers : “Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière”. Nous voici acculés par le désir du mot à nous déterminer au-delà des tumultes. En compromis des autres. À revenir au plus juste, au plus fragile. À sa force.
Nils Peter Molvær – Khmer – ECM Selected Signs VI, 2013.